L’Odyssée
Laisse aller la flamme par le haut
Ailes, assez de lames dans le dos
Respire et et vois ton âme entrer
C’est beau…
Laisse aller…
Laisse aller l’orage et le vent
Les années font l’âge, pas le temps
Crève l’abcès, toute cette rage rentrée
Dedans
Laisse aller
Laisse aller la flamme par le haut
Aux vallées de larmes, à bientôt
Julien Bensenior (Bensé)
Claire dans le noir
Tiens,
Que fait donc ce corps près du mien ? bizarre…
Cette ombre qui dort serait-ce un cauchemar ?
L’aurais-je encore pris
Pour le tien dans la nuit ?
Quand vient le soir
Et claque l’ivoire
Des éclairs, je vois Claire dans le noir
Puis,
Quand le jour se lève et sans y croire
Je savoure d’autres lèvres rouge-sang, dis Au revoir
Tant que le soleil brille
À ma Claire évanouie
Quand vient le soir
Et claque l’ivoire
Des éclairs, je vois Claire dans le noir
Quand vient le soir
Éclatent les fards
À paupière, je vois Claire dans le noir
Julien Bensenior (Bensé)
Tomber
Je me suis vu du haut des cimes balancer en arrière, Compter les étages des buildings à l’envers. Je me suis vu de vue divine au-dessus de la terre, J’ai vu décoller des collines dans les airs…
Je me suis vu tomber…
Je me suis vu à l’origine endormi sous la mer Contre le reflet d’une ville solitaire. J’ai vu dans le fond de l’abîme scintiller l’univers, Inonder les eaux cristallines de lumière…
Je me suis vu tomber…
Je me suis vu lancer des signes d’aujourd’hui vers hier, Dans la nuit j’ai vu se dessiner des éclairs. Je me suis lu entre les lignes, dans le bruit du tonnerre, J’y ai reconnu quelques rimes, quelques vers…
Je me suis vu tomber…
Jil Bensenior (Jil Is Lucky)
La Vérité
Des femmes, t’en es revenu, t’en as soupé
Et dans les rues, tu t’es vautré comme un lézard, Zarathoustra
Comme un Jésus mais sans papa
Tu l’as bien cherché, tu l’as bien cherché, tu l’as bien cherché, bien cherché
Dans les pamphlets, sous les collines, dans les temples et dans la cyprine
Dans le cosmos, dans les abysses, et dans Patmos et dans ta pisse
Tu l’as bien cherché, tu l’as bien cherché, tu l’as bien cherché, bien cherché mais
La Vérité… Tu la connais
Mais comme t’avais peur, tu lui as fait voir cent fois ton majeur dans le noir
Et ce refrain au ciel désert : Suis-je le gardien de mon frère ?
Tu t’es défoncé à la D, la C, tu t’es enfoncé, enfoncé…
Et maintenant que tu n’as plus que du vent à perte de vue
Que le noeud coulant ou la danse, pour tuer le temps, le silence
T’es bien avancé, t’es bien avancé, t’es bien avancé, avancé mais
La Vérité… Tu la connais
C’est l’océan et c’est la rose
C’est le Bataclan qui explose
C’est le Midi, c’est le Mystère
C’est ta femme qui jouit,
C’est la guerre
Laisse toi aller, laisse toi aimer, laisse toi aller, aller…
La Vérité… Tu la connais
Julien Bensenior (Bensé)
Poggio
La lune coule sur les montagnes
La brume inonde les vallées
Les grillons règnent sur Cocagne
Un chat me suit sur le sentier
Un vent de nuit, un ciel immense
Où rien ne luit, un ciel désert
Lointain pays, étrange France
Qui troque vie contre mystère
Lointains les hommes, lointains les voiles
Lointains les drapeaux noirs et blancs
Mais dans cette nuit de crystal
Des chiens aboient, je les entends
Je tire une latte, une gorgée
De clope magique et de nectar
Vol statique d’un scarabée
Et le vent joue de ma guitare
L’immensité de ces espaces
Ne m’effraie plus et je m’élance
Sur le maquis tel un rapace
Léger dans le son du silence
Lointains les hommes, lointains les voiles,
Si loin les drapeaux noirs et blancs
Et dans cette nuit sans étoile, les chiens aboient, je les attends
Ce fut en somme un beau voyage, poussière pacifiée, érection
D’une stèle au bout du virage, un garçon portera mon nom
Julien Bensenior (Bensé)
Météores Part I & II
Adieu Alesia…
Nous partons sous les météores
Avec ma femme et mon chat
Donner la vie, donner la mort
A quelqu’un qui m’entend déjà
Nous planterons des arbres immenses
Qui iront tutoyer le ciel
Et des vignes d’indifférence
Et des pensées universelles
Nous mourrons sous les météores
Avec ma femme et mon chat
Et nos deux âmes et nos deux corps
Iront nourrir les lilas
Une pluie fine de gouttes d’or
Tombera sous le mimosa
Une pluie fine de gouttes d’or
Tombera sous le mimosa
Julien Bensenior (Bensé)
Une île
J’étais un rocher entouré d’écume
J’avais une forêt, des singes, des boas
Et même une cime qui perçait la brume
Et puis des cascades, et puis des Aras
Les jours de beau temps au Zénith, au pic
Le soleil chauffait mon dos tropical
Les nuits de tempête, ma peau granitique
Pleurait de la boue et me faisait mal
Quand j’étais une île…
J’avais un récif fait de mille moutons
De lames cassantes qui me protégeaient
Des méchants esquifs et des robinsons
De tout ce que l’homme avait inventé
Quand j’étais une île…
Mais un beau matin, tectonique des plaques ?
Une autre île que moi émergea du sel
Nous nous percutâmes au bruit du ressac
Demain, nous serons tout un archipel
Nous serons une île…
Julien Bensenior (Bensé)
Palo Alto
Tout nu, en attendant la singularité
L’utile convergence énorme, comme ma femme
J’imagine nos vies dans quinze à trente années
Puis baise sur mon île en écoutant mon âme
Je rêve d’holocauste et puis d’indifférence
D’implants sous cutanés, d’organes artificiels
Qui viendront remplacer ma pauvre intelligence
Par la conscience aigüe, brillante du scalpel
Hallelujah
Palo Alto
Et quand nous ne ferons plus qu’un mon pauvre amour
Débarrassés du corps de ce Christ débile
Au diable la mort, à Dieu loi de Moore
Adieu le Bon Dieu, à nous deux Le Grand Style
Hallelujah
Palo Alto
Julien Bensenior (Bensé)
Des nœuds, de la soie, du vent
Lové dans le cocon de mon emmerditude, rêvant de Shalimar, de l’Euphrate et du Tibre,
Je m’habille de ciel, hume sa solitude, en haut les hirondelles font semblant d’être libres
Je me ressers un verre, il me brûle la gorge, questionne ce fameux revenu universel
Lequel des deux nuit plus, du goudron ou de l’orge ?
Au dessus de moi toujours ces foutues hirondelles…
Oui, je me continue dans la transe inconsciente des bipèdes priapes qui me servent de frères
J’écoute les conseils et les revues savantes : âmes quantiques et autres fantômes moléculaires
Serai-je de guimauve ou bien cœur minéral ? Avec au creux du coude un pauvre descendant
Qui entre malgré lui dans le règne animal, on entre tous ici malgré nous, en pleurant
Serai-je de guimauve ou bien cœur minéral ? Avec au creux du coude un héritier vibrant
À qui j’enseignerai la course des étoiles, et le bruit de la foudre et la course du temps…
Mais au cœur des brillantes cité inhumaines ou au coin du grand âtre, à son feu stupéfiant
J’embrasserai tes yeux, et tes doigts et ta peine, et j’en ferai des nœuds, de la soie et du vent…
Julien Bensenior (Bensé)
Les Mathématiques
Ah…à la tombée du jour
Des étoiles et des villes
Tracent des lignes sibylles
Pâques, Nasca, Gizeh, Our
Ah… Tomberais-je toujours
Juste, saurais-je sans peine
La langue des phénomènes, ah
Si j’avais l’amour
Des mathématiques
Ah… Que l’on m’explique encore
Axiomes, théorèmes
Et atomes et Clinamen
Euclide, Pythagore
Ah… Nautile et nombre d’or
Dans les fleurs, l’holocauste
Oppenheimer, Docteur Faust
Et la poésie et la mort :
Les Mathématiques
Et si tout n’est que loi
Alors, tout est magique
C’est mathématique
Julien Bensenior (Bensé)