Le Printemps

LE VENT SE LEVE

Le vent se lève…

Je l’ai vu ce matin
Il m’a dit « Tout va bien…
Je l’ai lu dans tes mains,
Moi qui lie les demains »

Le vent se lève…

LA TEMPETE

Chez moi, chez mes aïeux
Le plâtre des murs s’effrite
Mois après moi d’en haut, les cieux
Font aux plafonds les mêmes hideuses rides
Qu’aux petits vieux, et d’enfants à ancêtres
Après le feu…

La tempête
Oh la tempête
Nous guette

Est-ce un hommage, la Ola
De la poussière à la poussière
Tel un ouvrage des Buendia
L’ultime chanson de ma sage grand-mère
Qui cache un peu les enfants dans ses fêtes
Mais dans ses grands yeux…

La tempête
Oh la tempête
Nous guette

Après le femmes
Dieu, quel piètre architecte
Après le calme…

La tempête

PORTRAIT CHINOIS

Si c’est une ville, c’est Paris
Si c’est Paris, c’est en Vespa
Si c’est en Vespa c’est la nuit qu’à Paris
Je rentre chez moi

J’ai chanté, j’ai dansé
Joué à la cigale tout l’été
Et l’automne, débarqué, dépourvu j’ai vendu
Mes harmonicas et mes vents
Mes Dominique A et Montand
Un portrait chinois pour le nouvel an…

Si c’est une ville, c’est Paris
Si c’est Paris, c’est en Vespa
Si c’est en Vespa c’est la nuit qu’à Paris
Je rentre chez moi
Si c’est un mois : Avril et si
En avril il fait un peu froid
Le froid aura peut-être une fille
Si c’est une fille, elle est pour moi

Puis j’ai vu du pays
Au gré des voyages m’ enquis
Chez mes mies, mes amis
Du sens de la vie

Ainsi passai-je les deux ans
Qui me séparent de moi, maintenant
Mon portrait chinois fête le printemps

Si c’est une ville, c’est Paris
Si c’est Paris, c’est en Vespa
Si c’est en Vespa c’est la nuit qu’à Paris
Je rentre chez moi
Si c’est un mois : Avril et si
En avril il fait un peu froid
Le froid aura peut-être une fille
Si c’est une fille, elle est pour moi

Hé toi,
Même si t’es née l’année du rat
Sourie moi…
Sourie ouais sourie moi si

Tu aimes une ville c’est Paris
Si tu aimes Paris en Vespa
Rentrons en Vespa cette nuit
J’te tire ton portrait chez moi

Si c’est une ville, c’est Paris
Si c’est Paris c’est en Vespa
Si c’est en Vespa c’est la nuit qu’ à Paris tu rentres chez moi

Si c’est une ville c’est Paris
Si c’est Paris c’est en Vespa
Si c’est en Vespa c’est la nuit
Qu’à Paris je fais n’importe quoi

Si c’est un mois : Avril et si
En avril il fait un peu froid
Le froid aura peut-être une fille
Si c’est une fille elle est pour moi
Si c’est une fille elle est pour moi

Ouais ouais ouais elle est pour moi

LA DERNIÈRE FOIS

Et Paris était belle
Et les lumières brillaient
Raillant les étincelles dans nos yeux avinés, c’était
La dernière fois

Moi je fermais les yeux
Réprimant une larme
Et mon pays en feu entonnait un « Aux armes », c’était
La dernière fois
C’était la dernière fois

Une rue familière
Et son hostile faune,
J’oublierai la misère aux bras de ma brune aphone, ce serait
La dernière fois

Les dernières étreintes
Les derniers coups de rein
Pour son iris absinthe, entre mes bras câlins, ce serait
La dernière fois
Oui ce serait la dernière fois

Puis au petit matin
J’aspirai son haleine
Et la recracherai au loin quand j’aurai de la peine, l’été
Une dernière fois
L’été, une dernière fois
L’été…une dernière fois
…Une dernière fois…

QUELLE ANNÉE !

J’en ai vu des ans, mais comme celui là
Jamais, jamais, jamais, au grand jamais
Vu qu’aux ans d’avant, avant cet an là
J’aimais, j’aimais, j’aimais,

Quelle année !
Cette année, quelle tannée,
C’est assez veux-tu cesser
Sale année de m’étonner

J’en ai vu des eaux choir au bas d’yeux bleus
Jamais, ces geysers et jets enragés
Des amis à maux, des fous et des feus
Mais jamais de si jeunes..

Quelle année !
Cette année, quelle tannée,
C’est assez veux-tu cesser
Sale année de m’étonner

Satanée belle tannée
C’est assez, vas-tu cesser
Sale année de t’étaler…

Pas à pas le deuil est de l’an
L’almanach s’ effeuille aux auvents
Amis tenons le nous pour dit ci gît Sylvestre il est minuit
Amis tenez le vous pour dit puis embrassez-vous sous le gui
Amis tenons le nous pour dit ci gît Sylvestre il est minuit
Amis tenez le vous pour dit puis embrassez-vous sous le gui

Quelle année !
Cette année, quelle tannée,
C’est assez vas-tu cesser
Sale année de m’étonner

Satanée belle tannée, C’est assez, veux-tu cesser sale année de t’étaler
Satanée belle tannée, c’est assez, vas-tu cesser sale année de t’étaler

DANS MON RÉDUIT

Dans mon réduit j’évalue les chances
D’être un jour heureux sans toi
Dans mon réduit je sais l’échéance
De la solitude des rois

Et je chante, je chante et puis je danse
Comme une main sans ses doigts
Elle me hante, me hante dans mes transes
Puis je m’endors et voilà

Dans mon réduit les roses s’élancent
Hors d’un pot de fer et moi
J’en prends soin et les arrose et panse
Les plaies de ma main vers toi

Et je chante, je chante et puis je danse
Comme un jouet qu’on rudoie
Elle me manque, me manque et son silence
En dit plus que nos ébats

Dans mon réduit ça sent l’insouciance
Mais insouciance n’a qu’un œil, crois moi
L’autre gâté par les souffres rances
De mes petits bouts de bois

Et je fume, je fume et puis je pense
A l’homme que je ne suis pas
Et j’allume, j’allume ma conscience
Puis elle s’éteint avec moi

Et je chante, je chante et puis je danse
Comme une putain dans le froid
Elle me hante, me hante dans mes transes
Puis je m’endors et voilà
Oui je m’endors et voilà
Puis je m’endors et la vois

Dans mon réduit, j’évalue les chances
D’être un jour heureux sans toi

EN VOYAGE

Adieu les gens !
Amis, amants je prends le large
Clopin Clopant,
Vers le levant pars en voyage
A l’eau riant
Mon cœur distant hors de sa cage
Sans roi ni rang…

Moi et mon Horla la la la…

Tambour battant,
Cheveux au vent j’en vis, j’enrage
Barbare étranger à Tanger, Dehli, Carthage
J’oublie tes grands
Yeux bleus-Grès, mens dans des corsages
Bruns, noirs ou blancs…

Chez mes Atalas la la la…
Ah, mes Atalas la la la…

Et dans un an ou deux, qui sait,
Avec le printemps je reviendrai
Mais ma mie n’attend sur ton métier
Aucun mendiant..

Je suis à Scylla
Je reste à Scylla
A nous deux Scylla la la la…

MES BAISERS

Par les vallées, les crevasses
Je passe…
A mes côtés, une connasse
Je l’embrasse

Je l’embrasse

Par les athées nues et lasses
Je brasse…
A mes côtés, un ange passe
Je l’embrasse

Je l’embrasse
Je l’embrasse…

JASMIN

Tonton, conte donc quand t’étais jeune et con,
Tout ce boucan dans cette maison dans le désert
Maman de grâce, fais resurgir les monts de l’Atlas
Sur cette nappe déchirée ressasse tous tes hiers

Mère, vas-y, sous tes paupières humides revis
Cette autre terre aride et ces nuits
Dont il ne reste rien…

Mère, je repars demain dans l’hiver, chez les chiens
Pose donc ton front sur le mien, et dans ma poche un brin
De Jasmin

Frérot, promets moi quand nous serons poivrots
Les mêmes tables que chez nos gros oncles Bébert

Frère, vas-y, sois un bon père et un bon mari
Moi, célibataire, j’ s’rai tonton à vie
Dirai à tes gamins…

Fils, je repars demain, le cannabis c’est pas bien
Tout en glissant un stick dans leur main, et dans leur poche un brin
De Jasmin

…De Jasmin…

CASSANDRE

J’aime une fille belle comme le jour
Ou les nuits d’été qu’on passe ensemble
Mais quand s’ouvrent les yeux de mon amour
Je tremble,

Oui je tremble car elle sait lire l’avenir
Et n’y voit jamais rien de très bon
A moins dans l’isoloir d’écrire
Son nom…

Elle s’appelle Cassandre
Et toutes les cinq années
Elle crache un peu de cendres
Comme pour me rappeler
La foule des offrandes dont j’acquitte la somme
Pour épargner des cendres mes confrères les hommes
Et contenter Cassandre

J’ai beau me dire que je ne crois pas
A ses prophéties, d’y rester sourd
Je tremble tant que je ne marche pas
Je cours

Oui je cours et bon toutou lèche les pieds
De ma déesse et ses yeux de plomb
Resteront clos tant que j’écrirai
Son nom…

Elle s’appelle Cassandre
Et toutes les cinq années
Elle crache un peu de cendres
Comme pour me rappeler
La foule des offrandes dont j’acquitte la somme
Pour épargner des cendres mes confrères les hommes
Et contenter Cassandre

Alors j’écris Cassandre
Sinon au mois de mai
Elle crachera des cendres comme pour me rappeler
La foule des offrandes
Dont j’acquitte la somme
J’aimerais me défendre
Mais je ne suis qu’un homme
Et elle une Cassandre…

Et elle une Cassandre

JE PENSE A MES AMIS

Quand à l’automne m’abandonne l’énième Lolita
Misogynie, je m’imagine errant
D’aventure en aventure et de Charybde en Scylla
Je pense à eux, au diable les amants…

Je pense à mes amis
Je pense à mes amis
Je pense à mes amis et puis
J’appelle mes amis Nicolas, Pierre, Emilie

Chantent à l’autre bout du fil à des milliers d’années de moi
« Mon Julien demain c’est le printemps
Dans notre maison bleue les enfants n’attendent plus que toi
Et les poèmes que tu sèmes au vent »
Et sous les flocons blancs

Je pense à mes amis
Je pense à mes amis
Je pense à mes amis et puis
Retrouve mes amis Seb, Aurélien, Virginie

Tenteront alors ivres morts autour de la table en bois
De parler d’amour et du bon Dieu
Tandis qu’à minuit nous nous en iront pêcher sans appât
Les femmes poisson de nos 17 ans
Veiller l’absent

Qui manque à ses amis, il manque à ses amis, il manque à ses amis içi
Mais pense à ses amis, et chante ainsi…

Je pense à mes amis
Je pense à mes amis
Je pense à mes amis ici
Et manque à mes amis
Nicolas, Pierre, Emilie

Je pense à mes amis, je pense à mes amis içi
Et manque à mes amis, Seb, Aurélien, Virgine…

AU PARADIS

J’ai fait pleurer tant de jolies filles
De ces deux ans bien indécis
Je garde vents et ordalies
Oui venteux novembre, nuageux juin
Sur ma face les traces de leur main
Mais Julien, tu sais ce qu’on dit : « tu ne l’emportes pas au paradis »
Oui mais

On emporte rien au paradis

Raillant cet adage, en faisant fi
Et plus volage qu’un péripatéticien je chéris
Les fines silhouettes alanguies
Dansant au feu de ma bougie et des fêtes
« Mais ça, cher ami, tu ne l’emportes pas au paradis ! »
Je sais mais

On emporte rien au paradis

A part un fou rire ou un cri
De bons souvenirs ou des «Si»
On emporte rien au paradis
A part peut-être
Un bon expresso pour Gabi
Un Voluto, son favori
On emporte rien au paradis

On emporte rien au paradis

AUX CAPRICES D’ÉOLE

Perdus au milieu des cactus
Et vu qu’il se fait tard
Nous roulerons à l’éveil des tortues
Au son des guitares

La fille assoupie sur moi dit des poèmes barbares
Et puis elle descendra sans bruit
Elles descendent toutes tôt ou tard

Cheveux au vent, les rousses, les brunes, les blondes
Cheveux au vent, les rousses, les brunes, les blondes
Cheveux au vent, les rousses, les brunes, les blondes
Obéissant…

Plissés, nos yeux humides humaient
L’air frais du soir
Au pied d’un pin, des oliviers
Nous murmuraient « au revoir »

Cheveux au vent, les rousses, les brunes, les blondes
Cheveux au vent, les rousses, les brunes, les blondes
Cheveux au vent, les rousses, les brunes, les blondes
Obéissant…

Cheveux au vent, les rousses, les brunes, les blondes
Cheveux au vent, les rousses, les brunes, les blondes
Cheveux au vent, les rousses, les brunes, les blondes
Obéissant…

Aux caprices d’Eole
Aux caprices d’Eole
Aux caprices d’Eole

Aux caprices d’Eole
Les rousses, les brunes, les blondes…

APRÈS LA TEMPÊTE

Au premier matin je m’en fus voir
Rentrant des Indes ceux qui me manquaient
Tous virent mes yeux qui brillaient
Comme un feu, comme un phare

Après la tempête

Fort de ce regard je le jetai
Sur ces filles qui posaient sur ma tête
Contrats, noms d’oiseaux mais là, carpette
On aurait dit les blés

Après la tempête

Depuis lors à chaque aube plus clair
A chaque embrun je ris et vieillis
Mais comme un bon rhum un bon whiskey
Comme l’eau, comme l’air

Après la tempête

LE PRINTEMPS

Je suis la somme de vos erreurs
Je suis la somme de vos errements
Je suis la somme de vos peurs
Je suis la somme de vos serments

Je suis l’identité factice
Je suis le juif à tête nue
Je suis une fin de supplice
Et je suis le roi des cocus

C’est moi le sac et le ressac
C’est moi les robes sous le vent
Et moi qui renais à La Pâque
C’est moi…

Le Printemps

Je suis la somme de vos cris
Je suis la somme de vos chants
Je suis la somme de vos nuits
Je suis la somme des amants

Je suis au beau milieu d’avril
Je suis mes nerfs, un assassin
Je suis le monstre fait d’argile
Je demande, puis rends vos mains

C’est moi l’éternité en vrac
C’est moi qui dévore les enfants
C’est moi l’espoir, et moi la claque
C’est moi…

Le Printemps

Je suis la somme de vos heures
Je suis la somme de vos orgueils
Je suis la somme de vos fleurs
Je suis la somme de vos deuils

C’est moi les bateaux sur le lac
C’est moi l’amoureux qui te mens
C’est moi l’amoureux qui te plaque
C’est moi

Le Printemps…

C’est moi le sac et le ressac
C’est moi qui meurs après vingt ans
Et moi qui renais à La Pâque
C’est moi…

Le Printemps

MA PERSANE

(bonus édition vinyle)

Ma persane est une chatte au dos rond
Sa profane croupe rend tous les garçons
Gagas, coucous, surtout quand elle danse devant son
Reflet, moi je mouche
Alors elle se touche

Ma persane est une princesse antique
Courtisane et mon héroïne érotique
Qui au soir au miroir effleure son golfe persique
Du ventre à sa bouche
Lentement se touche

Ma persane, on la dit volage, animale
Quand émanent d’elle ses adages et râles
De ses mille et une nuit Ahmadinejad et ses voiles
Bannis, s’effarouchent
Elle rit puis se touche
Sur sa psyché louche
S’évanouit puis se touche

Elle se touche…
Chhhhht…